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vendredi 17 janvier 2014

L'homme-pluie

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           Crédits photographiques : Pellegrino SORICELLI                   

Il marche dans la nuit,                               
la tête lourde, baissée,               Sur le trottoir miroir,                   
il marche sous la pluie,              les quelques flaques,
l'âme sourde, blessée.                laissées par son passage,
Sur lui la pluie coule,                ne reflètent que tristesse,
et son âme s'écoule.                   et la pluie qui claque,
Chaque goutte l'amenuit,         est la seule caresse,
chaque goutte le réduit,            qui lacère son visage.
le liquéfie, petit à petit.
                                 Sur le trottoir mouroir, 
L'ennui l'a conduit,                   chaque goutte sur lui,
là où tout fuit.                             dissout lentement sa vie,         
Il sait que derrière lui,              chaque goutte de pluie,
son passé le poursuit,                 emporte enfin l'ennui.
il sait que devant lui,
la vie s'enfuit.                              Le trottoir est un lavoir,      
Et la pluie le ravine,                   et la pluie son battoir,
et son corps décline.                   et l'homme-pluie sourit,
                                    car il sait que tout est fini,
Son répit est de savoir,               qu'il sera bientôt dissous,
qu'en s'engageant ce soir,          dans le dernier égout,
dans la rue du désespoir,            et qu'il rejoindra le néant,
il ne pourra plus décevoir.         en se noyant dans l'océan.
Il erre alors dans le noir,
et se répand sur le trottoir.

Son ultime espoir,
est de se laisser boire,
goutte après goutte,
par le dernier avaloir,
au bout de sa route.
Aspirée par le goulot,
sa vie longe le caniveau,
et la pluie sur lui ruisselle,
et tout son être chancelle.